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mardi 13 octobre 2015

Vous avez dit "dialogue"?

Avec les feuilles mortes est arrivée la saison du « dialogue budgétaire ». Dialogue malheureusement à sens unique ces deux dernières années 2014 et 2015. Qu'en sera-t-il pour le budget 2016 ? Il paraît que les moyens des universités sont en hausse pour l’année prochaine.

Le personnel de la bibliothèque, qui s'est très majoritairement mobilisé fin 2014 et en mars 2015 pour le rétablissement de moyens dignes de l'établissement, n'a aucune raison de se sentir rassuré.

La tutelle ministérielle ne lui a pas apporté de réponse depuis lors. Aucune communication non plus de l'équipe dirigeante de Paris Descartes en direction du personnel depuis février dernier. Aucune nouvelle de l’Inspection générale des bibliothèques et de sa représentante en charge de la BIU Santé.

Le budget 2015, légèrement moins bas que le budget 2014, est resté très inférieur au seuil qui permettrait, ne disons pas de remplir les missions d'un établissement de référence nationale, mais même d'avoir une politique documentaire cohérente.

Il y a eu un fait nouveau et dont nous nous réjouissons depuis le mois de juin. Huit élus, députés ou sénateurs, ont adressé des questions écrites au gouvernement à propos de la BIU Santé. Cette inquiétude de représentants démocratiquement élus est en elle-même rassurante et, à chacun d'eux, nous disons merci [voir la liste des questions publiées ci-dessous]. 

Mme Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a répondu à l’une des sollicitations de parlementaires le 20 août, par un courrier dont nous avons eu connaissance. Elle charge Mme Simone Bonnafous, directrice générale de l’Enseignement supérieur, de procéder à “un examen particulièrement attentif de ce dossier”. 

Cela tombe bien, car c’est justement à elle qu’était adressée la lettre ouverte du personnel, qui attend toujours un accusé de réception (voire, pourquoi pas, une réponse) depuis mars. Se manifestera-t-elle avant son départ que d’aucuns disent imminent ? De son côté, M. Thierry Mandon, nouveau secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, s’intéressera-t-il au dossier ?

Il nous semble toujours aussi aberrant que la BIU Santé soit, depuis 2011, privée de statuts. Qu'attend-on, au juste? Et il nous paraît bien désolant que le principal établissement documentaire de France pour la santé soit sacrifié dans un coin sombre, sans qu'aucune réflexion préalable n'ait eu lieu sur le bien-fondé de ses missions.

Liens vers les questions parlementaires publiées sur les sites des deux assemblées: 

M. Nicolas Dupont-Aignan (député, Essonne): http://questions.assemblee-nationale.fr/q14/14-81394QE.htm

M. Joaquim Pueyo (député, Orne) : http://questions.assemblee-nationale.fr/q14/14-85447QE.htm 

M. Sylvain Berrios (député, Val-de-Marne) : http://questions.assemblee-nationale.fr/q14/14-84223QE.htm

M. Jean Desessart (sénateur, Paris) : http://www.senat.fr/questions/base/2015/qSEQ150817583.html

Mme Claire-Lise Campion (sénatrice, Essonne) : http://www.senat.fr/questions/base/2015/qSEQ150616971.html

M. Jean Claude Lenoir (sénateur, Orne) : http://www.senat.fr/questions/base/2015/qSEQ150717547.html

Mme Isabelle Debré (sénatrice, Hauts-de-Seine) : http://www.senat.fr/questions/base/2015/qSEQ150616959.html

M. Roger Karoutchi (sénateur, Hauts-de-Seine) : http://www.senat.fr/questions/base/2015/qSEQ150616870.html

M. Hervé Marseille (sénateur, Hauts-de-Seine), question écrite à Mme la Ministre.

mercredi 13 mai 2015

Où est passé l’État ? Le personnel de la BIU Santé lance un avis de recherche

         Tutelle: “ensemble des moyens de contrôle réglementaires dont dispose le pouvoir central sur les collectivités publiques et les établissements privés d’intérêt public en vue de les maintenir dans le respect de la loi et de faire prévaloir un intérêt public supérieur”. (Trésor de la langue française.)

A la motion qu’ils ont lue en faveur de la BIU Santé lors de la Commission administrative paritaire nationale des conservateurs des bibliothèques, les représentants syndicaux ont eu comme réponse du ministère (DGESIP) “ qu'il suivait le dossier et que sa priorité était de renouer le dialogue entre le président de l'Université Paris Descartes et la direction de la BIU Santé, qui selon lui n'aurait pas eu lieu.

Voilà donc où nous en sommes:
  1. Le président de l’université, sans se justifier auprès de personne, a privé la bibliothèque de la moitié de ses moyens et de son statut de service à comptabilité distincte, et il nie des conséquences qui sont évidentes pour tout le monde. Cet argent, destiné par l’État à la bibliothèque, ne lui a pas été attribué.
  2. Le ministère et l’Inspection ne répondent pas au directeur ni au personnel et n’interviennent pas. Les missions et les moyens de la bibliothèque restent sans définitions statutaires.
  3. Pendant ce temps, les étudiants, les chercheurs, les praticiens des disciplines de santé de ce pays sont toujours privés de la documentation de référence nécessaire pour bien  se former ou faire de la recherche.
Nous, candides agents de l’État, nous croyons que la tutelle doit répondre à sa définition. Nous croyons qu’elle est chargée de faire appliquer une politique correspondant aux intérêts supérieurs du pays. Nous croyons qu’une subvention donnée par l’État pour un certain usage doit être dépensée pour les besoins qu’elle est censée satisfaire. Aussi nous demandons que le ministère rappelle ses devoirs nationaux à l’université qui est en charge de la bibliothèque française de référence en santé.

Mais ce n’est pas ce que nous voyons se produire: le ministère demande qu’un dialogue qui a été impossible depuis plus d’un an et demi reprenne sans nouvelles instructions. Qu’on “se parle”, donc, loin de lui, sans lui, et sans qu’il ait à prendre ses responsabilités.

Étudiants, chercheurs, praticiens, à ce train vous n’êtes pas près d’avoir la documentation dont vous avez besoin.

Quant à nous, nous continuons de servir comme nous le pouvons. Nous continuerons aussi à lutter pour que notre tâche retrouve plus de sens avec un statut et des moyens adaptés.

Cependant, les centaines de messages de soutien qui ont été adressés au président de l’université depuis Paris, depuis la province et depuis l’étranger sont venus confirmer avec chaleur le sens de notre travail. De cela nous sommes fiers. À leurs auteurs, nous disons merci.

Récapitulons.
  • Depuis l’automne 2013, la bibliothèque (par la voix de son directeur et de ses cadres) a alerté à de nombreuses reprises l’université, mais aussi la tutelle ministérielle et l’Inspection des bibliothèques. Ces alertes sont restées sans réponse valable, et, le plus souvent, sans réponse du tout
  • Fin 2014, le personnel a adressé une lettre signée de 70 agents au président de l’université, qui a répondu, au bout de deux mois et après une manifestation publique de notre part, par un courrier que nous avons publié ici. Nos objections à cette réponse n’ont pas reçu d’autre démenti que des affirmations qui tiennent parfois de la langue de bois. (“C’est la faute du prix de la documentation électronique; et d’ailleurs, en 2015, la bibliothèque a retrouvé son budget, à peu de choses près”. - Les bras nous en sont tombés.)
  • Dans le même temps et de son côté, le directeur a lancé de nouvelles alertes par la voie administrative, tant vers l’université que vers le ministère et l’Inspection des bibliothèques; alertes restées sans aucune réponse de fond ou sans réponse du tout, et assurément, comme les usagers peuvent s’en rendre compte, sans qu’il soit remédié à une situation lamentable. 
  • Le personnel a écrit en mars une nouvelle lettre, ouverte cette fois, adressée à Mme Simone Bonnafous, Directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle, et signée de 72 agents. Cette lettre, adressée en copie à l’Inspection des bibliothèques, est restée jusqu’à ce jour sans aucune réponse de Mme Bonnafous ni de l’Inspection : pas même un accusé de réception
  • Un article daté du 13 avril et paru dans Le Monde en écho à notre mouvement nous a informés de la réaction du président : “Je ne comprends pas où est le problème”.

dimanche 19 avril 2015

BIU Santé : le président de Paris Descartes « ne comprend pas où est le problème »

Le 13 avril dernier, le journal Le Monde a publié un article qui fait état de la situation désastreuse que subit depuis plus d’un an la BIU Santé (1).  En choisissant pour titre La « BNF de la santé » en pleine crise, Sandrine Cabut, journaliste, donne pleinement la mesure du problème : l’« établissement mythique » qui est le nôtre est passé brutalement du rang de bibliothèque de référence au niveau national et international à celui de petite bibliothèque.

Quatre membres du collectif BiuSanteEnDanger (2) ont pu confier leur difficulté, voire leur incapacité à remplir au quotidien leur mission, et la perte de sens qui en découle. L’absence de statuts officiels pour la bibliothèque, qui a conduit à des coupes claires dans le budget et au non-versement des subventions et crédits fléchés qui lui sont destinés, a eu des conséquences catastrophiques, qui rendent caduques les missions de conservation pérenne, de diffusion de l’information scientifique et technique et d’acquisition systématique des collections dans le domaine de la santé.

Cette carence documentaire, la pire en plus de deux siècles (exception faite, peut-être, des périodes allant de 1914 à 1918 et de 1939 à 1945), ruine la bibliothèque autant qu’elle impacte notre large, très large public, qui, lui, n’est pas insensible au problème.

Un témoignage de lecteur sur le cahier de suggestions de la bibliothèque est publié dans l’article : « Venu chercher 30 références, je suis reparti avec seulement 8 articles »… Voilà un fait : cru, nu, têtu. Et hautement significatif du problème qui affecte la formation initiale, la formation continue de nos usagers, l’enseignement et la recherche qui visent pourtant, selon un mot apprécié du président, « l’excellence » !
Témoignage d'un lecteur confronté au problème
Car la bibliothèque est autant un lieu de conservation et de transmission des savoirs que de productions du patrimoine et de la science de demain.

Sans livre, quid de la transmission, de la pédagogie, de la formation, de l’enseignement ?

Sans articles récents, quid de la recherche et de l’innovation ?

Interrogé à son tour, le président, « furieux » selon la journaliste du Monde, se plaint seulement du coût exorbitant de la documentation électronique. Pour les professionnels réunis dans Couperin, dont la BIU Santé pilote le pôle « Sciences de la vie et de la santé », l’inflation tarifaire dans le domaine de la documentation électronique n’est pas une découverte. Là n’est surtout pas le fond du problème, ni la raison des coupes budgétaires. Et c’est donc bien déçu que l’on va jusqu’au bout des propos du président, qui n’apporte pas de réponse aux questions légitimes des usagers et des bibliothécaires.

Pour couper court à toute discussion, celui dont « la porte est toujours ouverte » préfère fermer les yeux : « Je ne comprends pas où est le problème », conclut-il. Cela n’est pas de nature à nous rassurer, ni à rassurer tous ceux qui sont attachés à l’histoire et au patrimoine de la médecine et de la pharmacie, au maintien d’un enseignement de qualité et d’une recherche de pointe dans deux disciplines qui attirent chaque année toujours plus d’étudiants.

La BIU Santé a reçu plus de 350 soutiens en quelques jours (3), des soutiens provenant d’usagers ponctuels ou assidus de la bibliothèque : étudiants, enseignants, chercheurs ; de bibliothécaires ou documentalistes ; d’amis des sciences et des humanités ; de lecteurs sur place ou à distance, français ou étrangers ; de personnalités de premier plan et d’usagers inconnus, qui, tous, comprennent et disent, à l’unisson, qu’il y a un problème.

Si vous « comprenez où est le problème »,
aidez le président de l’université Paris Descartes à le comprendre aussi en lui écrivant.
Soutenez la BIU Santé : cliquez ici !


NB: le personnnel de la BIU Santé, à ce jour, n’a reçu aucune réponse de Mme Simone Bonnafous,  Directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle, à qui il a adressé une lettre ouverte le 12 mars.

(Emprunt à la bibliothèque des sciences de la santé de l'UVSQ,
à qui nous souhaitons bonne chance.)

(1) Nous avons pris connaissance de cet article en nous rendant dans le kiosque le plus proche de la bibliothèque, car nous n’avons plus d’abonnement au Monde. Pour ceux qui ont la chance d'y accéder en ligne, c’est ici.

(2) Les quatre personnes interrogées étaient : Nicolas de Bourges, Gilles Chubère, Vaast Bourdin et Guillaume de Voulges.

(3) Courriels expédiés au président et reçus par nous en copie. Les messages signés de plusieurs personnes sont comptés pour un.
Ne sont pas comptés ici les courriers expédiés au président et au Ministère par d’autres voies, et dont nous avons eu parfois connaissance.
120 personnes nous suivent sur FaceBook, et 200 sur Twitter
Que tous ceux qui ont écrit ou manifesté leur soutien soient très chaleureusement remerciés !

mardi 17 mars 2015

Lettre ouverte à la Directrice de l'enseignement supérieur

*** Au bas de la page "Soutenez la BIU Santé" : voir nos ajouts du 26 mars 2015 ***

Les temps sont durs pour les Universités, chacun en est conscient. Est-il pour autant légitime qu'une université prive la plus grande bibliothèque de santé de France (en médecine, pharmacie, odontologie, etc.) des moyens de remplir ses missions nationales ? Nous ne le croyons pas.

https://drive.google.com/file/d/0B0wV-Qsk4VQMLUl3VEx6eWtPMDQ/view?usp=sharingLisez la lettre ouverte que le personnel  de la BIU Santé adresse à la Directrice de l'enseignement supérieur.

En quelques mots:  

Avec un budget comparable à celui de 2015, la BIU Santé a dû en 2014:
  • désabonner toutes ses revues imprimées
  • désabonner les deux tiers de ses revues électroniques
  • désabonner la moitié de ses bases de données.
Elle n'a pas pu assurer les fonctions qui sont les siennes. La continuité de ses collections a été gravement endommagée. Les efforts quotidiens du personnel sont bafoués. L'équilibre de l'équipe est menacé.

L'autorisation de dépense accordée à la BIU Santé pour 2015 par l'Université Paris Descartes est de 1 475 350 €.

Or le budget devrait être constitué en 2015 de:
  • dotation générale de fonctionnement attribuée par le Ministère: 1 753 113 €
  • financement des acquisitions dans les disciplines d'excellence (CADIST médecine, odontologie, cosmétologie) attribué par le Ministère : 770 000 €
  • autres subventions (sources diverses) : 46 000 €
  • ressources propres de la bibliothèque: 680 000 €, dont environ 400 000 € de droits de bibliothèque payés par les étudiants
soit un total d'environ 3 250 000 €.  

Nous demandons que la moitié manquante du budget soit restituée à la BIU Santé par l'Université.
    C'est parce que la BIU Santé n'a plus de statut officiel, à la suite d'une anomalie administrative qui dure depuis la fusion de la BIUM et de la BIUP en janvier 2011, que l'Université a pu ne pas lui verser la totalité de l'argent qui lui est destiné.

    Nous demandons donc qu'un statut permettant à la BIU Santé d’assurer pleinement et durablement ses missions nationales lui soit rendu.

    La BIU Santé doit vivre, parce qu'elle est:
    • la bibliothèque française de référence dans ses domaines
    • un acteur de la formation initiale et continue des personnels de santé en France
    • un outil de la recherche dans les domaines de la santé
    • une bibliothèque patrimoniale de niveau international, et non un musée du vieux papier.

    Soutenez la BIU Santé. Voyez ici comment vous pouvez le faire.

    La BIU Santé nourrissant la médecine et la pharmacie.
    (NB: les autres disciplines sont en promenade, mais on voit bien
    qu'elles ont aussi leurs places assignées.)

    L'Université Paris Descartes s'occupant de la BIU Santé.